mercredi 22 décembre 2010

Gérard Colin, Jacques Piette : le sténopé, la ville et son imaginaire

Gérard Colin et Jacques Piette en mode auto-portrait...
Entre 2009 et 2010, Gérard Colin et Jacques Piette ont parcouru et photographié Mamers en utilisant leur boîtiers Sténopés ou Camera Obscura. A travers différents clichés, vus comme des esquisses et proches d'un univers onirique, les deux photographes se sont associés pour nous offrir une vue singulière sur la ville et son imaginaire. Nous sommes allés pour vous à la rencontre des deux compères pour les interviewer sur le sténopé et la façon très particulière qu'ils ont de photographier.



Bonjour Gérard et Jacques… Et tout d’abord, une première question : qu’est-ce que le sténopé ?
Jacques : eh bien, si nous faisons un peu d’étymologie, le mot français sténopé vient du grec, Sténos, qui signifie étroit, et de ops, qui signifie œil. C’est aussi finalement la façon la plus simple de pratiquer la photographie.
Camera Obscura - Gérard Colin
Gérard : une chambre noire au sténopé, ou camera obscura, est en fait une simple  boîte hermétique à la lumière dans laquelle on aura percé sur l’une de ses faces un petit trou net et régulier (au moyen d’une aiguille par exemple). Cette ouverture minuscule laisse alors passer la lumière et permet à l’image de se reproduire, mais en tous points inversés,  sur la face opposée de la chambre. Ensuite, il suffit de fixer l’image en glissant dans le boîtier une surface sensible. Cela peut être du papier photo ou du film argentique. 

La première photographie (Niepce)
Jacques : la découverte du principe de la recomposition d’une image à travers un trou d’épingle est très ancienne puisque nous en retrouvons la trace dès l’antiquité chez Aristote entre autre.

Gérard : mais c’est  Nicéphore Niépce en 1927 qui donne vraiment naissance à la photographie en inventant la façon de fixer sur image positive sur un support. Il s’agit là d’une invention géniale.

Nicéphore Niepce


A l’heure du numérique, pourquoi avez-vous choisi cette façon très particulière de faire de la photographie ?

rue marceau
 Gérard : probablement parce que c’est le moyen qui nous convient le mieux… Les images produites par un sténopé sont toujours surprenantes, proches d’un univers onirique. Elles sont à la fois très actuelles et semblent en même temps renvoyer à des souvenirs anciens aux lignes floues et brumeuses.






la prison
Jacques : derrière son apparente simplicité technique (une simple boîte, un trou d’aiguille, pas d’objectif) le sténopé offre une multitude de possibilités. Il joue comme un passeur à l’œil patient et exercé qui sait capter au moment opportun l’essentiel des choses les plus banales.


cour du cloître
 Gérard : oui…les photographies au sténopé offrent finalement un autre regard sur les choses les plus habituelles. Photographier au sténopé demande aussi de la patience. Il faut savoir observer, poser son regard, lire la lumière. Et puis, nous pratiquons en général des temps de pose très longs  (déterminés à partir de savants calculs !!) : de quelques minutes jusqu’à 20 ou trente minutes. Tout cela fait partie de la démarche. Et c’est tout cet ensemble qui est passionnant.


Pour ces Rendez-vous Photographiques 2010, vous proposez  un travail de prise de vues sur Mamers, pouvez-vous nous présenter ce projet en quelques mots ?

Au 28 rue Chatelaine ...
Ce que nous souhaitons à travers les photographies réalisées au sténopé sur Mamers, c’est avant tout de donner une vision inhabituelle, comme décalée, de la ville. Notre idée n’est pas tant de réaliser un reportage sur les lieux pittoresques de Mamers, que de nous servir de ces lieux pour recréer des ambiances particulières, improbables, comme hors du temps ; de tenter  d’établir une sorte de lien, de passage de témoin entre des temps anciens révolus et la vie d’aujourd’hui. Nos photographies sont totalement subjectives. Elles n’appartiennent à aucune commande.
Nous avons pris beaucoup de plaisir au cours de ces derniers mois à parcourir la ville, à l’observer, à la reconsidérer. Mamers est riche de trésors insoupçonnés et il faut du temps pour les re-découvrir.

Coulée de l'hôtel d'Espagne

La croix de pierre



Les clichés que vous proposez à la salle de cloître ne  seraient, selon nos informations, que le début d’un projet plus global.

le théâtre
 Oui, effectivement, nous allons poursuivre et compléter ce travail. Nous avons même mis au point un grand sténopé qui nous permettra de produire des prises de vue en négatif grand format. C’est un vrai plaisir de concevoir ce genre de boîtier et nous sommes toujours surpris par les résultats obtenus avec le sténopé. Ce procédé ouvre finalement  de nombreuses  perspectives. Et le dernier mot n’est jamais écrit.



Merci beaucoup à tous les deux et bonne continuation dans vos projets.


Les Rendez-vous photographiques 2010
Gérard Colin & Jacques Piette

Mamers dans l'oeil du sténopé

Salle du Cloître Mamers
du 18 décembre au 3 janvier
10h-12h et 14h-18h30

Entrée libre et gratuite

2 commentaires:

  1. D'étonnants clichés sur un Mamers que je ne connaissais pas. Pas de cette manière du moins. Je vous souhaite -comme vous le dites si bien- de ne jamais écrire le dernier mot.

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  2. on peut voir l 'auto portrait? de JACQUES ET GERARD? ca a donné quoi?

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