jeudi 30 décembre 2010

Aurélie Cabaret : New York dans le viseur du LOMO

Utiliser un appareil basique pour se ré-approprier la photographie, donner à voir autrement... Voilà ce que l'on peut déceler dans les prises de vue réalisées par Aurélie qui nous propose une série très intéressante sur New York et les grandes villes d'Amérique du Nord.


La version One fisheye de lomography
En utilisant un LOMO Fisheye pour photographier la ville, Aurélie s'affranchit des codes de base de la photographie, tout en portant une attention particulière sur les cadrages, le repérage et la lecture de la lumière.
Dans l'entretien ci-dessous Aurélie porte un regard éclairé et très intéressant  sur sa pratique photographique.


Bonjour Aurélie, depuis combien de temps pratiques-tu la photographie au Lomo ?


Je pratique la photo au fisheye depuis à peu près un an, ayant finalement cédé à la curiosité. J'ai choisi un appareil Lomography parce qu'il est abordable dans tous les sens du terme: peu cher comparé à une optique dédiée et plus facile à trouver que des bonnettes, et aussi très simple d'utilisation puisqu'il n'a que les fonctions basiques d'un compact (pour ainsi dire, les deux seuls boutons dont  on a à se soucier sont le déclencheur et le flash!).

Pourquoi avoir choisi cette façon très particulière de photographier ?
 
 L'avantage premier du fisheye est bien sûr l'originalité des photos qu'il sert à faire; l'angle de prise de vue étant de 170°, c'est une manière de voir le monde à laquelle nous sommes peu habitués. En tant que photographe, c'est aussi une nouvelle manière de photographier, puisque les règles de composition habituelles sont chamboulées par la déformation sphérique de l'image. Cependant, une fois bien intégrée la perspective qu'offre le fisheye, l'ultra grand-angle devient un outil pour dépasser certaines limites qu'impose la photographie classique; par exemple, là où il est impossible de photographier un gratte-ciel, un arbre gigantesque ou un phare côtier sans les couper, le fisheye permet de les avoir entiers en une seule prise de vue. Au delà de ça, le format est particulièrement adapté pour capturer des atmosphères, des environnements. Il est de toute manière impossible, quelque soit le sujet (personne ou objet), de totalement l'isoler du milieu dans lequel il se trouve: il apparaîtra toujours dans son contexte à cause du champ couvert par l'objectif.


Appréhender et restituer les ambiances de la ville représentent le point d'ancrage de ta démarche ?

La pratique en contexte urbain est pour moi la plus adaptée: visitant les grandes villes d'Amérique du Nord, le fisheye était pour moi le seul moyen de rendre compte de la grandeur et des ambiances de la vie urbaine, incluant ou non des personnages à ma prise de vue. J'ai également profité de la luminosité du printemps et de l'été, non seulement intéressantes mais presque aussi nécessaires à la réussite des clichés, le Lomo ayant tendance à peiner en faible lumière malgré des pellicules à 400 ISO.






 Quel type de film as-tu utilisé pour réaliser cette série ?

 La majorité de mes clichés ont été pris sur de la Fomapan 400, pellicule peu onéreuse et au rendu tout à fait satisfaisant. Cependant, il peut être bon de mentionner que l'esprit "Lomographique" veut que l'on ne fasse pas trop attention à certaines qualités qui pourraient être recherchées en photographie classique: un grain assez grossier tout autant que taches et poussières font partie du rendu recherché. Il est même courant que des films périmés soient utilisés volontairement pour accentuer les imperfections.

Comment pourrais-tu caractériser la pratique photographique au LOMO ?

 Ce que l'on remarque au premier abord sur une photo réalisée au fisheye, c'est cette "bulle" dans laquelle semblent être les sujets. On peut jouer sur cet effet en centrant les personnages et en (re)créant ainsi leur monde, monde qu'il faut d'ailleurs pénétrer pour réaliser la photo puisque la courte focale nécessite que l'on s'approche le plus possible du sujet (à presque un mètre pour avoir le personnage sur toute sa hauteur). C'est une chose sur laquelle il pourrait être intéressant de travailler... Mais réaliser une série au fisheye serait un très gros challenge. Mise à part cette esquisse d'idée, je pense qu'il faut utiliser le Lomo de manière occasionnelle, et se limiter aux sujets qui s'y prêtent le mieux et qui ne donnent pas satisfaction en étant photographiés avec du matériel classique. Il faut vraiment être prudent avec ce genre d'effet un peu particulier, puisque qu'ils peuvent tout autant susciter de la curiosité et de l'étonnement, que vite nous lasser.

Cette série sur New York a déjà fait l'objet d'une exposition ?


Oui, ces photos ont été exposées durant le mois d'octobre au Béaba'R', bar étudiant situé à Caen qui accueille chaque mois, alternativement, une nouvelle exposition de photographies ou de peintures. Une série complète de photos sur le Canada et Etats-Unis étaient alors présentées, parmi lesquelles ces tirages "faits maison" de clichés lomographiques.


Merci beaucoup Aurélie pour toutes ces précisions  très intéressantes et très bonne continuation dans tous tes projets.



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